Le sainfoin, une plante pleine de ressources pour les chevaux


Le sainfoin, aussi appelé « esparcette », est une légumineuse cultivée depuis longtemps en Europe pour ses nombreux atouts agronomiques : amélioration des sols, lutte contre l’érosion… mais c’est surtout en tant que fourrage qu’il suscite aujourd’hui un regain d’intérêt, et notamment pour les chevaux !
1. Un fourrage riche en protéines, sans excès d’énergie
Le sainfoin est avant tout une source de fibres de qualité et de protéines. Sa teneur en protéines se situe entre 15 et 17 %, ce qui en fait un aliment intéressant pour couvrir les besoins en azote des chevaux au travail, des poulains en croissance ou encore des juments suitées.
Sa valeur énergétique reste modérée, proche de celle d’un foin classique, ce qui permet de le distribuer sans risque de surcharge énergétique.
2. Des tanins protecteurs pour la digestion
Le sainfoin contient naturellement des tanins condensés (proanthocyanidines), aux effets bénéfiques démontrés chez les ruminants, et de plus en plus étudiés chez les chevaux.
Ces composés :
Stabilisent l’environnement digestif,
Réduisent les risques de fermentation excessive,
Diminuent la production de gaz, ce qui en fait une plante intéressante pour les chevaux sensibles aux coliques ou au ballonnement.
Chez les bovins, ces tanins forment des complexes avec les protéines végétales et inhibent la croissance de Streptococcus bovis, une bactérie du rumen impliquée dans la météorisation. Le sainfoin aurait ainsi le potentiel de réduire les fermentations excessives chez le cheval également [1].
3. Un potentiel antiparasitaire naturel
C’est aujourd’hui le sujet de recherche le plus actif concernant le sainfoin chez le cheval : ses tanins et polyphénols semblent avoir des effets antiparasitaires, notamment contre les strongles gastro-intestinaux.
Plusieurs études ont montré que l’apport de sainfoin dans la ration peut réduire la charge parasitaire. Chez le cheval, il a été démontré que ces composés exercent un effet direct sur les strongles, soit en diminuant leur fertilité, soit en réduisant leur mobilité [2][3][4].
Dans l’étude de Pauline Grimm et Noémie Laroche [5], les chevaux consommant environ 1,7 kg de sainfoin par jour excrétaient significativement moins d'œufs de strongles dans les crottins. Les larves observées étaient également moins mobiles, ce qui pourrait limiter la contamination des pâtures. D’autres travaux restent nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes d’action en jeu.
En résumé : Le sainfoin présente plusieurs atouts pour l’alimentation équine : fourrage naturellement riche en protéines, facilitant une digestion plus stable, et pouvant s’inscrire dans une démarche de gestion parasitaire raisonnée. Une piste particulièrement intéressante pour diversifier la ration ou accompagner la réduction de l’usage des vermifuges chimiques.
Bibliographie :
[1] Hayot Carbonero C., Mueller-Harvey I., Brown T.A., Smith L. 2011. Sainfoin (Onobrychis viciifolia): a beneficial forage legume. Plant Genet. Resour, Vol 9, p. 70–85. https://www.researchgate.net/publication/231803498_Sainfoin_Onobrychis_viciifolia_A_beneficial_forage_legume_Plant_Genet
[2] Collas C., Sallé G., Dumont B., Cabaret J., Cortet J., Martin-Rosset W., Wimel L., Fleurance G. 2018. Are sainfoin or protein supplements alternatives to control small strongyle infection in horses. Animal, Vol 12(2), p. 359–36. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1751731117001124/pdfft?md5=ac2ad540980f5dd82b1c1fcaa21b251c&pid=1-s2.0-S1751731117001124-main.pdf
[3] Malsa J et al. 2022. Effect of sainfoin (Onobrychis viciifolia) on cyathostomin eggs excretion, larval development, larval community structure and efficacy of ivermectin treatment in horses. Parasitology, Vol 149, p.1439–1449. https://www.cambridge.org/core/journals/parasitology/article/effect-of-sainfoin-onobrychis-viciifolia-on-cyathostomin-eggs-excretion-larval-development-larval-community-structure-and-efficacy-of-ivermectin-treatment-in-horses/D6087F5A6B443D385F4A74770A94562F
[4] Elghandour M.M.M.Y., Maggiolino A., Vázquez-Mendoza P., Alvarado-Ramírez E.R., Cedillo-Monroy, J., De Palo P., Salem A.Z.M. 2023. Moringa oleifera as a Natural Alternative for the Control of Gastrointestinal Parasites in Equines: A Review. Plants 2023, Vol.12, p. 1921. https://www.mdpi.com/2223-7747/12/9/1921?type=check_update&version=3
[5] Grimm P., Laroche N., Julliand S., Sorci G. 2022. Inclusion of Sainfoin in the Diet Might Alter Strongyle Infection in Naturally Infected Horses. Animals, Vol. 12(8), p. 955. https://www.mdpi.com/2076-2615/12/8/955

